Contrat de travail et performance des exploitations cacaoyères dans le Mbam et Kim au Cameroun
Contrat de travail et performance des exploitations cacaoyères dans le Mbam et Xxx au Cameroun
Xxxxx Xxx Xxxxx*
Institut de Recherche Agricole pour le Xxxxxxxxxxxxx (XXXX), XX 0000, Xxxxxxx, Xxxxxxxx. E-mail: xx.xxxxxxxx@xxxxx.xxx
Xxxxxxx Xxxxxxx Kamdem
Université de Yaoundé II Soa, BP: 0000, Xxxxxxx, Xxxxxxxx. E-mail: xxxxxxx@xxxxx.xx
Xxxxxxxxx Xxxxxxx Xxxxxxx Xxxx
Institut de Recherche Agricole pour le Xxxxxxxxxxxxx (XXXX), XX 0000, Xxxxxxx, Xxxxxxxx. E-mail: Xxxxxxxxxxxxxxxx.xxxxxxx@xxxxx.xx
Xxxxxxxx Xxxxxxxxxx
CIRAD, UMR Innovation, F 00000, Xxxxxxxxxxx, Xxxxxx. E-mail: xxxxxxxx.xxxxxxxxxx@xxxxx.xx
Xxxxxxxxx Xxxxx
Institut de Recherche Agricole pour le Xxxxxxxxxxxxx (XXXX), XX 0000, Xxxxxxx, Xxxxxxxx. E-mail: xxxxxxxxxxxxxx@xxxxx.xxx
Xxxxxxxxx Xxxxxxxx Xxxx Xxxx
Institut de Recherche Agricole pour le Xxxxxxxxxxxxx (XXXX), XX 0000, Xxxxxxx, Xxxxxxxx. E-mail: xxxxxxxxxxxx@xxxxx.xx
*Auteur correspondant / Corresponding author
Résumé
Dans le but d’appréhender l’influence des types de contrat de travail sur les performances des exploitations cacaoyères dans le Mbam et Xxx au Cameroun, un échantillonnage raisonné a permis de sélectionner 114 exploitants cacaoyers. L’approche à deux étapes recourant aux modèles Data Enveloppent Analysis (DEA) et Tobit censuré a permis d’analyser l’efficacité des exploitations. Deux types de contrat ont été identifiés: le contrat annuel fixe (CAF) et le contrat par pourcentage de vente (CPV) de cacao récolté. Les résultats montrent que le CPV semble plus performant par rapport au CAF en termes de productivité et de d’allocation. Par ailleurs, l’augmentation de la superficie des exploitations, du nombre de défrichements et le traitement mixte sont les facteurs qui contribuent mieux à l’inefficacité de ces cacaoyères, tandis que la récolte sanitaire, l’augmentation du nombre de réglages d’ombrage et des tailles du cacaoyer sont sources d’efficacité.
Mots clés: contrat de travail; efficacité; cacaoyères; Xxxx et Xxx; Cameroun
Labour contracts and performance of cocoa farms in Mbam and Xxx in Cameroon Abstract
In order to understand the influence of the types of hired labour contracts on the performance of cocoa farms in Mbam and Xxx in Cameroon, a reasoned sampling exercise was carried out to select 114 cocoa farmers. The two-stage approach using data envelope analysis (DEA) and Tobit
censored models made it possible to analyse the efficiency of the farms. Two types of contracts were identified: a fixed annual contract (FAC) and a percentage sales contract (PSC) for cocoa harvested. The PSC appears to be more efficient than the FAC in terms of productivity and the allocation of inputs. In addition, the increase in the area of the farms, the number of clearings and mixed treatments are factors that contribute most to the inefficiency of these cocoa farms, while sanitary harvest, increasing the number of shade settings and cocoa tree sizes are sources of efficiency.
Key words: hire contract; efficiency; cocoa farms; Xxxx and Xxx; Cameroon
1. Introduction
Avec 11% de la valeur totale des exportations hors pétrole, le cacao est le premier produit d'exportation au Cameroun, (INS 2014; Nso Ngang 2015). Il est cultivé dans le Grand-Sud1 Cameroun, où La superficie consacrée à sa production ne cesse d’augmenter. En effet, elle est passée de 670 000 hectares en 2010 à 723 853 hectares en 2016 pour une production nationale tout
aussi croissante estimée en 1990 à 115 000 tonnes, elle se situait en 2016 à 291 512 tonnes (Janin 1999; Faostat 2017). Bien que la cacaoculture constitue une activité de première importance économique et sociale dans cette partie du pays, elle reste un indicateur des stratégies d’accumulation des capitaux des exploitants agricoles (Pédelahore 2014a). Cet accroissement des surfaces cacaoyères traduit un regain d’interet suite à la libéralisation du marché cacaoyer en 1994 et à la remontée des prix dès les années 2000. Ceci coïncide avec l’arrivée des fonctionnaires et autres agents de l’Etat ayant adopté la cacaoculture comme activité secondaire (Pédelahore 2014b). D’où le passage d’une gestion familiale à une gestion patronale des exploitations intensifiant ainsi le salariat agricole (Pédelahore 2014b) et créant de nouvelles opportunités d'embauche sur le marché du travail agricole local (Azam 1993). La substitution de la main-d’œuvre familiale par celle salariée a dès lors permis l’apparition d’une relation Exploitant-Employé, matérialisée par un contrat. Ce changement a été par ailleurs susceptible de modifier (positivement ou négativement) les performances des travailleurs et de l’exploitation (Darpeix 2010). Si dans le premier cas le degré de déploiement est mesuré par l’exploitant, celui-ci reste une préoccupation majeure pour la main d’œuvre salariée du fait de l’aléa moral. Car seul le travailleur maîtrise son niveau d’effort. D’où l’importance du contrat de travail.
Le salaire, source de motivation de l’employé et d’augmentation des performances de l’exploitation, diffère selon le type de contrat. En effet, le contrat de travail influence la performance à travers la productivité des facteurs de production (Fomba 2011). L’objectif de cette étude est d’analyser l’impact des contrats de travail sur les performances des exploitations cacaoyères. Précisément, il est question d’identifier i) les types de contrat de travail, ii) les performances qu’ils engendrent et,
iii) les facteurs qui expliquent ces différences de performances.
Après avoir présenté les notions de contrat de travail et de performance, cet article abordera les contours littéraire et empirique de l’influence du contrat sur la performance des exploitations cacaoyères. Puis suivront le cadre méthodologique, les résultats obtenus et leurs discussions, et enfin, les conclusions et recommandations de politique agricole.
2. Contrat de travail et performance des exploitations agricoles: compréhension des liens théoriques
Les contrats occupent une place qui centrale dans la coordination des échanges économiques (Hoppe & Schmitz 2018). Bien que la théorie économique s’en soit peu servie dans le cadre d’une
0 Xxxxx-Xxx: Xxxxxxx xx Xxxxxx, Xxx, Xxx, Xxxxx, Xxx-Xxxxx, Xxxx-Xxxxx, Xxxxxxxx.
économie décentralisée Xxxxxxxxx (1997), deux écoles de pensées (théorie de l’Agence et théorie des coûts de transaction) l’ont particulièrement analysé. Leur application dans les activités de production vise particulièrement à remédier à diverses situations d’imperfection de marché (Xxxxx et al. 2013; Xxxxxxxxx et al. 2017). Le contrat est un accord par lequel les agents s’obligent les uns envers les autres à céder ou à s’approprier, faire ou ne pas faire certaines choses (Xxxxxxxxx 1997). Il existe dans la littérature économique plusieurs types de contrats parmi lesquels celui du travail.
Le contrat de travail est un accord par lequel l’ouvrier accepte de mettre sa force de travail à la disposition de l’employeur contre une rémunération (Fomba 2011). Il peut être à durée déterminée (CDD2) ou indéterminée (CDI3). Dans le cadre du calendrier agricole, l’importance de la saisonnalité des activités constitue pour la formation des contrats de travail, un accroissement de la main-d'œuvre temporaire dans les exploitations. Elle reste par ailleurs une vieille tradition dans ce secteur selon Xxxxxxx et Xxxxxxxx (1999). Ce caractère saisonnier conduit de façon non négligeable à la flexibilité des emplois, d’où la prépondérance des CDD. Selon cette configuration, les exploitants agricoles changent régulièrement les employés, en recrutant malheureusement de nouveaux ouvriers avec des incertitudes sur la qualité de leur travail (Duhautois & Xxxxxxxx 2007). Le contrat de travail agricole se présentant majoritairement en CDD, comprend les contrats de marché et de production. Le contrat de marché (contrat à terme ou annuel fixe) définit un prix auquel le service sera rendu. Il élimine ainsi du revenu du travailleur, tout risque associé aux rendements aléatoires de l’exploitation et au prix aléatoire de l’output. Les contrats de production (pourcentage) par contre sont basés sur les performances relatives de l’exploitation (Knoeber 2000). La difficulté pratique se situe à la signature, où employés et employeurs sont plus attachés aux aspects visibles (salaire, primes, indemnités diverses, …) que par la performance.
Tout en mettant en relation un ensemble d’inputs et d’outputs, la performance contribue à atteindre les objectifs stratégiques de production (Lorino 2003). Cette relation permet d’évaluer les différentes combinaisons de l’allocation des ressources au sein de l’exploitation. Xxxxxx et Simar (2007) attribuent la paternalité de l’analyse de la productivité et de l’efficacité à koopmans en 1951 pour ses travaux sur l’analyse des activités. Par ailleurs, le concept d’efficacité est utilisé pour prendre en compte les critères de maximisation de la production sous contrainte des ressources mobilisables. Ainsi, une exploitation sera dite techniquement efficace si, à partir d’une quantité d’intrants donnée, elle produit un maximum d’outputs possible, ou encore, si pour produire une quantité donnée d’outputs, elle utilise le moins d’intrants possibles (Xxxxxxxx & Xxxxxxxx 1994). L’efficacité permet des lors d’apprécier la capacité d’une exploitation à produire «au mieux» par la mobilisation d’un ensemble des moyens de production (capital, foncier, travail) (Coelli et al. 1998). On parlera d’inefficacité lorsque la capacité optimale que vise l’efficacité ne peut être atteint (Amara & Xxxxxx 2000).
3. Analyse empirique de l’influence du contrat sur la performance des exploitations agricoles
Il existe une littérature abondante sur les contrats en agriculture et leur impact sur le niveau d’efficacité des petits exploitants (Mishra et al. 2018a, 2018b; Xxxx et al. 2019; Vicol 2019). Xxxxxx et al. (2018b) étudient les risques de production, l’efficacité technique et la perception à l’égard des risques au sein des contrats des petits exploitants au Népal. A partir d’une approche paramétrique bayesienne et d’une méthode de régression quantile à dominance stochastique, ils comparent les efficacités techniques et l’attitude des petits exploitants face aux risques. Ils démontrent que les contrats des agriculteurs semblent avoir moins de risques de production, et que la main-d'œuvre, la terre et d'autres intrants augmentent le risque. Dans le même sens, Xxxxxx et al. (2018a) évaluent l’impact de l’agriculture contractuelle sur l’emploi et la performance économique
2 CDD: Contrat à Durée Déterminée
3 CDI: Contrat à Durée Indéterminée
des petits exploitants de tomates au Népal. Ils admettent que les coopératives contractualisées ont des effets positifs et significatifs sur le rendement. Xxxx et al. (2019) comparent les effets sur le revenu et la productivité de l'agriculture contractuelle à grande échelle dans le cadre des régimes contractuels pour la pomme de terre et le maïs au Pakistan. Ils constatent d’une part que la culture de la pomme de terre, culture produite par les agriculteurs contractuels est associée à un revenu nettement plus élevé, tandis que la culture du maïs (culture de base) n'est associée ni au revenu ni à la productivité. Vicol (2019) quant à lui explore les implications de l'agriculture contractuelle sur les modèles de changement agraire en Inde. A partir des données qualitatives primaires d'une étude de cas sur la culture contractuelle de la pomme de terre dans l'État du Maharashtra, il soutient que les débats sur l'agriculture contractuelle sont de nature idéologique, basé sur des notions « gagnant- gagnant » ou « gagnant-perdant ».
Surentu et al. (2019) ont évalué l'efficacité des exploitations cacaoyères indonésiennes en utilisant une approche non paramétrique. Cette étude révèle que la majorité de ces exploitations est exploitée de manière relativement inefficace. Avec une efficacité technique et allocative moyenne de 0.82 et
0.46 respectivement, ils démontrent qu’il existe pour ces exploitations un potentiel d’amélioration. Pour ces auteurs, si les exploitants respectent les bonnes pratiques agricoles, ils peuvent réduire leurs coûts d’exploitation entre 36 à 76%.
4. Méthodologie
4.1 Présentation de la zone d’étude
Le Mbam et Kim est l’un des dix xxxxxxxxxxxx xx xx xxxxxx xx Xxxxxx-Xxxxxxxx xxxxxxx xx xxxxxx xxxxxxxxxxxxxxx (Figure 1). Son climat est de type subéquatorial guinéen, avec des précipitations abondantes dont la moyenne est de 1500 mm/an (Tchuikoua & Banaga 2016). Ses sols, argileux et ferralitiques, sont fertiles. Son relief est celui du plateau Sud-Camerounais, avec des zones de forte altitude et de faible élévation. D’où ses cultures diversifiées allant des cultures annuelles à celles pérennes, parmi lesquelles le cacaoyer.
Figure 1: Carte du département du Mbam et Xxx
Source: Auteurs
4.2 Collecte des données
A travers un échantillonnage raisonné, il a été choisi des exploitations cacaoyères en pleine production, d’au moins 1 ha (car incitant à l’embauche des ouvriers) pour un âge minimal de 10 ans (moyenne d’âge à laquelle l’optimum de production est plus probable) et utilisant une main d’œuvre
rémunérée et contractuelle. Ceci a permis d’administrer un questionnaire structuré auprès de 114 chefs d’exploitations cacaoyères. Les données collectées étaient de types sociodémographique, agricole et managérial.
4.3 Méthode d’analyse de l’efficacité des exploitations cacaoyères
Xxxxxx et al. (1998) soutiennent que l’analyse de l’efficacité d’une exploitation passe par deux étapes: 1) La mesure de l’efficacité des exploitations à partir du modèle data envelopment analysis (DEA) ou analyse par enveloppement des données; 2) La détermination des variables qui expliquent l’efficacité par la régression des scores d’efficacité.
Le DEA permet d’évaluer la performance des exploitations qui transforment des ressources (inputs) en prestations (outputs). Il consiste à utiliser la programmation mathématique pour construire une frontière en fragments (piece-wise-surface) à partir de l’ensemble des données collectées dans des unités de production (Iparraguirre & Ma 2015). Il peut donc être utilisé pour identifier les types de contrats de travail capables d’améliorer l’efficacité des exploitations agricoles. Deux modèles le caractérisent: un à rendements d’échelle constants (REC) et l’autre à rendements d’échelle variables (REV).
4.3.1 Le modèle REC
Ce modèle dit « orienté input », est basé sur la maximisation du ratio correspondant à la pondération des K outputs sur la pondération des M inputs de N exploitations (Blancard et al. 2013).
Pour une exploitation donnée, un ensemble de contraintes sont placées pour que le ratio soit
toujours inférieur ou égal à 1. Le programme mathématique s’écrit:
⎪
⎧max
uyi
(
uv
vxi
⎪
)
⎪S / C
⎨uy
j = 1,2 N
(1)
⎪ j
⎪ vxj
≤ 1;
⎩
⎪u, v ≥ 0
Où u et v sont respectivement des vecteurs de dimension Mx1 et Kx1, avec M et K les pondérations associées aux outputs et inputs.
Comme ce type de ratio admet une infinité de solutions, il est difficile de l’optimiser. Xxxxxxx et Xxxxxx (1962) proposent alors un programme linéaire fractionné dans lequel une solution représentative est sélectionnée dans chaque classe d'équivalence:
⎧max uv (uyi )
⎪
⎪S / C
⎨vxi = 1
j = 1,2,. N
(2)
⎪
j
⎪uy − vx ≤ 0
i
⎪⎩u, v ≥ 0
Le programme (1) s’écrit alors:
⎧max uv (μyi
⎪
⎪S / C
υxi )
(3)
⎪
j
⎨μy
υxj ≤ 1
⎪⎩μ,υ ≥ 0
Où, u et v ont été remplacés par µ et υ pour indiquer que (3) est un programme linéaire. En utilisant la dualité en programmation linéaire, on obtient l’équivalent du programme sous la forme d’une enveloppe:
⎧min θ ,λ θ
⎪S / C
⎪
⎨− yi + Yλ ≥ 0
(4)
⎪
⎪θx − Xλ ≥ 0
⎪⎩λ ≥ 0
Où θ est un scalaire qui représente le score d’efficacité technique de la ième exploitation (0 ≤ θ ≤ 1). Si θ = 1, l’exploitation est efficace au sens de (Xxxxxxx 1957). Dans le cas contraire, elle est dite inefficace. Le vecteur λ (N, 1) est un multiplicateur qui indique la combinaison des exploitations pour former la frontière de comparaison à la ième exploitation. Les exploitations sont efficaces lorsque λ > 0 et les multiplicateurs reçoivent le nom de pairs (peers). Ceci permet d’obtenir une mesure de l’efficacité technique totale sans distinguer l’efficacité technique pure de l’efficacité d’échelle (Blancard et al. 2013).
4.3.2 Le modèle REV
Proposé par (Banker et al. 1984), il est utilisé lorsque les exploitations sont sous optimales au regard des contraintes. Il permet de déterminer si la production se fait en zone de rendements variables. Ce modèle propose la mesure de l’efficacité technique pure et d’échelle. Ainsi, pour modifier le modèle REC en modèle REV, il suffit d’ajouter à l’équation la contrainte N1’λ = 1
⎧min θ ,λ θ
⎪
⎪S / C
⎪− yi + Yλ ≥ 0
⎪
⎨θx − Xλ ≥ 0
⎪N1'λ = 1
⎩λ
⎪ ≥ 0
Où N1 est un vecteur unitaire (N, 1).
(5)
Ainsi, le modèle DEA génère des niveaux d’efficacité à partir des inputs et des outputs des
exploitations (Tableau 1).
Tableau 1: Les inputs et outputs utilisés dans le modèle DEA pour les exploitations cacaoyères du Mbam et Kim
Type de variables | Définition | |
Inputs | sup | Superficie totale des exploitations (ha) |
travail | Quantité de travail des ouvriers (j.h/campagne) | |
nb_ouv | Nombres d’ouvriers | |
coutmain | Coût de la main d’œuvre (FCFA) | |
equip | Dépense en équipement (FCFA) | |
intrant | Dépense en traitement phytosanitaire (FCFA) | |
Outputs | Pterre | Productivité de la terre (kg/ha) |
Ptrav | Productivité du travail (kg/h de travail) |
Source: Auteurs
4.4 Méthode d’estimation des déterminants de l’efficacité
Le modèle DEA détermine les scores d’efficacité sans utiliser les variables non discrétionnaires, qui pourtant contribuent à cette efficacité. Pour identifier ces dernières, une analyse économétrique des effets de certaines variables sur les scores d’efficacité est effectuée (Latruffe 2005). Cette deuxième étape introduite en économie par (Xxxxx 1958), consiste à déterminer les variables explicatives de l’efficacité. En effet, certaines variables dépendantes, continues, sont des indices d'inefficacité (1- efficacité). Elles appartiennent à l’intervalle [0,1[ (Hurlin 2002). Ce modèle peut se présenter sous:
⎧Yi = Xi β + ui
⎪ ⎧Y = Y*, siY * 0
⎨Avec⎨
⎩
⎪ ⎩Y = 0 sin on
Où Xi , β et
* sont respectivement les vecteurs des variables explicatives et des paramètres à
Y
i
estimer, et la variable latente.
En supposant que les erreurs sont normalement distribuées, l’estimation du modèle Tobit censuré ci-dessus passera par la maximisation du logarithme de la vraisemblance qui s’écrit:
n
∑(Y X β )2
n n 1 i i
log L = ∑log(1− ϕXi β σ ) + ∑log ( ) − i=1
i=1
i=1
2πσ
2σ 2
Où n et σ représentent le nombre d'observations et l’écart type.
Les variables utilisées par le Tobit censuré sont contenues dans le tableau 2.
Tableau 2: Présentation des variables déterminant l’efficacité utilisées dans le modèle Tobit
censuré
Variables | Définition | |
Indépendantes | ag | 1 = exploitant âgé de moins 35 ans; 2 = exploitant de 35 à 50 ans; 3 = âgé de plus de 50 ans |
nivsco | 1 = jamais fréquenté; 2 = primaire; 3 = secondaire; 4 = supérieur | |
dimexpl | 1 = exploitation < 3 ha; 2 = exploitation de taille moyenne (3 – 6 ha); 3 = grande exploitation (6 – 30 ha); 4 = très grande exploitation (> 30 ha) | |
conautexpl | 1 = ouvrier ayant un contrat avec d'autres exploitants; 0 = si non | |
nonrespect | 1 = ouvrier ne respectant pas les termes du contrat; 0 = si non | |
choixouv | 1 = choix de l’ouvrier en fonction de l’expérience de ce dernier; 0 = si non | |
ndefrich | 1 = exploitation défriché 1 fois l’an; 2 = 2 fois l’an; 3 = 3 fois l’an | |
taille | 1 = taille du cacaoyer réalisée 1 fois l’an; 2 = 2 fois l’an; 3 = 3 fois l’an; 4= 4 fois l’an; 5 = 5 fois l’an | |
ombrag | 0 = aucun réglage d’ombrage; 1 = ombrage réglé une fois; 2 = ombrage réglé deux fois; 3 = ombrage réglé trois fois; 4 = quatre fois | |
sanitaire | 1 = récolte sanitaire effectué dans l’exploitation; 0 = si non | |
trait_simp | 1 = traitement simple insecticide et fongicide; 0 = si non | |
trait_mixt | 1 = traitement mixte effectué dans l’exploitation; 0 = si non | |
Variable dépendante | inefficacité | Variable continue [0,1[ (1-VRS) |
Source: Auteurs
5. Résultats et discussions
5.1 Caractéristiques sociodémographiques des exploitants cacaoyers
Selon le tableau 3, les hommes sont majoritaires (86%). Ceci résulte du fait que la cacaoculture a le plus souvent été considérée comme une activité masculine par excellence (Pédelahore 2012). L’âge moyen des exploitants est de 50 ± 12 ans. Ils sont presque tous propriétaires fonciers (98%) quoiqu’en majorité allogènes (68%). Cinquante-quatre pourcent se sont arrêtés au primaire contre 32% au secondaire. Seuls 4% ont fait des études universitaires. Leur activité principale est l’agriculture (97%). La taille moyenne des ménages est de 9 ± 4 personnes, ce qui les situe dans la tranche des ménages pléthoriques au Cameroun (INS/ECAM3 2008). Un peu moins de la moitié (48%) ont reçu une formation en cacaoculture et 56% appartiennent à une organisation de producteurs (OP).
Un fait paradoxal est cependant à relever entre l’âge, la taille du ménage et le contrat. Des ménages pléthoriques supposent une main d’œuvre familiale élevée et donc, ne nécessite plus normalement le recours à une main d’œuvre externe contractuelle ou non. Or, tous les exploitants ont des contrats avec des ouvriers. La raison pourrait se trouver au niveau de leur âge moyen et la non disponibilité de cette main d’œuvre familiale quoi qu’existante; Ce qui inciterait à la recherche d’une main d’œuvre externe, contractuelle, pour une efficacité approuvée (Abega et al. 2007).
Tableau 3: Statistiques descriptives des variables socio-démographiques dans les exploitations cacaoyères du Mbam et Kim
Variables | Définition | Moyenne (ET) |
Sexe | 1 = est un homme; 0 = si non | 0.86 (0.35) |
Age | Âge des exploitants en année | 50.46 (11.80) |
Célibataire | 1 = est un célibataire; 0 = si non | 0.18 (0.39) |
Marié | 1 = est marié; 0 = si non | 0.70 (0.46) |
Veuf (ve) | 1 = est veuf (ve); 0 = si non | 0.05 (0.22) |
Divorcé | 1 = est divorcé; 0 = si non | 0.03 (0.16) |
Union libre | 1 = vit en concubinage; 0 = si non | 0.03 (0.16) |
Origine | 1 = est allogène; 0 = si non | 0.69 (0.74) |
Propriétaire | 1 = est propriétaire foncier de son exploitation; 0 = si non | 0.98 (0.13) |
Locataire | 1 = est locataire de l'exploitation; 0 = si non | 0.02 (0.13) |
Sans niveau | 1 = n'est jamais allé à l'école; 0 = si non | 0.11 (0.31) |
Primaire | 1 = s'est arrêté au primaire; 0 = si non | 0.54 (0.50) |
Secondaire | 1 = s'est arrêté au secondaire; 0 = si non | 0.32 (0.47) |
Etude Supérieur | 1 = s'est arrêté au supérieur; 0 = si non | 0.04 (0.21) |
Agriculture | 1 = travail comme agriculteur; 0 = si non | 0.97 (0.16) |
Commerce | 1 = travail comme commerçant; 0 = si non | 0.03 (0.16) |
Taille ménage | Nombre de personnes dans le ménage | 9.21 (4.72) |
Formation | 1 = a reçu une formation en cacaoculture; 0 = si non | 0.48 (0.50) |
OP | 1 = appartient à une organisation de producteur; 0 = si non | 0.56 (0.52) |
Source: Auteurs
5.2 Caractéristiques techniques des exploitations
Du tableau 4, il ressort que les exploitations cacaoyères ont une productivité moyenne de la terre de
535.4 ± 219.5 kg/ha de cacao marchand, avec des superficies moyennes de 9.1 ± 11.3 ha. Ceci se situe dans l’intervalle de productivité des cacaoyères en Afrique, estimée par la FAO en 2014 (Faostat 2017), à savoir 300 à 600 kg/ha/an. Chaque exploitation a en moyenne 3 ± 3 ouvriers pour une quantité moyenne de travail par xxxxxxxx0 de 223.2 ± 246.7 jour-homme et une productivité moyenne de travail de 1 333.3 ± 730.6 kg/homme. On remarque qu’il y a un écart assez considérable entre les données des deux productivités. Cette disparité pourrait s’expliquer par la variabilité des dotations des facteurs de production.Pour ce qui est des bonnes pratiques, le nombre moyen de défrichements des exploitations est de 1.9 ± 0.8 passages par campagne, alors que la taille du cacaoyer et le réglage de l’ombrage sont effectués en moyenne 3 fois/an. Babin (2009), en travaillant dans quatre zones de production cacaoyère au Cameroun (Talba, Bokito, Obala et Ngomedzap), trouve des nombres moyens de défrichements presque semblables allant respectivement de 1.8 à 1.3 par ordre décroissant; par contre des différences sont notées quant à la taille annuelle qui était effectuée entre 1.1 et 0.5 fois. La récolte sanitaire, le traitement insecticide simple et le traitement mixte sont respectivement effectués dans 40%, 50% et 70% des exploitations. Les exploitations cacaoyères de moyenne et grande tailles sont les plus nombreuses (41.2% et 38.6% respectivement).
4 Une campagne cacaoyère équivaut à une année.
Tableau 4: Caractéristiques techniques des exploitations cacaoyères
Variables | Effectif | Moyenne | Ecart-type | Min | Max |
Sup (ha) | 114 | 9.1 | 11.3 | 1 | 68 |
nb_ouv | 114 | 3.4 | 3.0 | 1 | 20 |
Travail (j.homme/cpgne) | 114 | 223.2 | 246.7 | 56 | 1 980 |
Coutmain (FCFA/an) | 114 | 1 614 492.0 | 2 059 266.0 | 184 000 | 1.50e+07 |
Equip (FCFA) | 114 | 49 592.1 | 44 233.0 | 0 | 280 000 |
intrant (FCFA) | 114 | 372 114.9 | 832 455.6 | 41 000 | 8 467 500 |
ndefrich | 114 | 1.9 | 0.8 | 1 | 3 |
taille | 114 | 2.7 | 1.1 | 1 | 5 |
ombrag | 114 | 3.0 | 0.9 | 0 | 4 |
sanitaire | 114 | 0.4 | 0.5 | 0 | 1 |
trait_simp | 114 | 0.5 | 0.5 | 0 | 1 |
trait_mixt | 114 | 0.7 | 0.5 | 0 | 1 |
Pterre (kg/ha) | 114 | 535.4 | 219.5 | 200 | 1 040 |
Ptrav (kg/h) | 114 | 1 333.3 | 730.6 | 400 | 3 333.3 |
Typologie des exploitations | |||||
Effectif | Pourcentage (%) | ||||
Typexpl | Petite | 18 | 15.8 | ||
Moyenne | 47 | 41.2 | |||
Grande | 44 | 38.6 | |||
Très grande | 5 | 4.4 | |||
Total | 114 | 100 |
Source: Auteurs
5.3 Les contrats de travail et leurs performances
Deux types de contrat de travail sont distingués ici: le contrat annuel fixe ou CAF (57% des exploitations) et le contrat par pourcentage de vente de cacao récolté ou CPV (43%). La rémunération dans le CPV constituant 20 à 30% du cacao vendu à l’issue de la campagne cacaoyère. Ces contrats sont établis en fonction de la superficie de la plantation et d’un ensemble de tâches à mener dans l’exploitation (défrichement, taille du cacaoyer, réglage d’ombrage, récolte et traitement sanitaires). Plus de la moitié des ouvriers (54.3%) signent des contrats avec d’autres exploitants et 38% n’en respectent pas les termes.
5.3.1 Les niveaux d’efficacité des exploitations
Les scores moyens d’efficacité trouvés sont: 1) 0.55 pour les REC; 2) 0.68 pour les REV; et 3) 0.79 pour le score d’efficacité d’échelle (SCALE). Ceci signifie que: 1) les exploitations peuvent réduire leurs inputs de 45% pour avoir une productivité optimale; 2) une meilleure gestion de l’exploitation peut permettre de réduire l’utilisation des inputs de 32% tout en gardant le même niveau de productivité; et 3) en ajustant les outputs, les exploitations peuvent réduire leurs inputs de 21% en gardant les mêmes niveaux de productivité.
La figure 2 présente les niveaux d’efficacité moyens des exploitations cacaoyères par rapport à la frontière d’efficacité en utilisant les REV. Il en ressort qu’environ 30.0% des exploitations ont un score d’efficacité égal à 1 et 70.0% en ont un inférieur à 1 et sont pour ainsi dire inefficaces.
Figure 2: Scores d'efficacité moyens des exploitations cacaoyères par rapport à la frontière
Source: Auteurs
5.3.2 Les rendements d’échelle des exploitations
La figure 3 montre que les exploitations sous CAF font des économies d’échelle de 52% contre 10% pour celles sous CPV. Les rendements d’échelle constants sont plus élevés sous CPV (45%) que sous CAF (29%). Ceci pourrait signifier que les exploitations sous CPV utilisent plus des techniques de production basiques que celles sous CAF. En outre, il apparaît que les exploitations qui appliquent des CPV réalisent moins d’économie d’échelle que celles sous CAF. Tout ceci laisserait penser que les exploitations qui utilisent les CAF sont celles qui améliorent le mieux le ratio coût unitaire de production et productivité des facteurs de production. Est-ce bien le cas?
Figure 3: Rendements d'échelle des exploitations cacaoyères sous CAF et sous CPV
Source: Auteurs
5.3.4 Productivité et efficacité
Du tableau 5, il ressort que, pour optimiser leurs niveaux de productivité, les exploitations sous CAF et CPV ont besoin de combler respectivement des déficits moyens de productivité de la terre de 427.2 kg/ha et 82.7 kg/ha, et de productivité moyenne du travail de 1 034.5 kg/homme et 180.1 kg/homme. Les exploitations sous CPV réalisent donc des productivités de la terre et du travail plus élevées que celles sous CAF. Ceci est logique et vient infirmer les résultats obtenus précédemment. Car, avec l’intensification du travail, caractéristique des exploitations sous CPV, il est normal que les productivités y soient plus élevées comparées à celles pratiquant le CAF.
D’ailleurs, des résultats semblables ont été trouvés par (Xxxxxxx et al. 2008), lorsqu’en analysant la diversité des systèmes de pratiques en cacaoculture dans le Centre Cameroun, ils ont montré que le
rendement des cacaoyères est fortement corrélé au niveau d’intensification en travail. Ceci fait donc
des exploitations sous CPV les plus efficaces.
Tableau 5: Niveaux de productivités réelle et estimée des exploitations cacaoyères selon les types de contrats de travail
Types de contrats | Productivité moyenne de terre (kg/ha) | Productivité moyenne du travail (kg/homme) | ||||
Réelle | Escomptée | Déficit | Réelle | Escomptée | Déficit | |
CAF | 373.5 | 800.7 | 427.2 | 856.3 | 1 890.8 | 1 034.5 |
CPV | 750.3 | 833.0 | 82.7 | 1 966.0 | 2 146.1 | 180.1 |
Source: Auteurs
5.3.5 Inputs et performances des exploitations cacaoyères
D’après le tableau 6, pour optimiser leurs performances, les exploitations sous CAF ont besoin d’une superficie moyenne de 3.2 ha au lieu de 11.3 ha et de deux hommes au lieu de cinq pour la main d’œuvre. La quantité de travail nécessaire est de 138 jour-homme au lieu de 188.9 jour- homme. Pour celles sous CPV, la superficie moyenne susceptible d’optimiser les performances (6.1 ha) est relativement proche de celle exprimée par les exploitants (5.5 ha). Leur nombre moyen d’ouvriers estimé (2.5) est supérieur à celui utilisé dans les exploitations (1.9). La quantité de travail nécessaire est de 217.1 jour-homme au lieu de 268.7 jour-homme.
De manière globale, les exploitations avec CPV effectuent moins de dépenses que celles sous CAF pour une productivité plus élevée. L’explication passerait par le fait que ces dernières utilisent plus d’ouvriers, d’intrants et d’espace qu’il n’en faut pour le rendement obtenu, exacerbant ainsi les coûts d’exploitation. Ceci fait transparaître la méconnaissance de la superficie réelle des exploitations sous CAF par leurs propriétaires et son effet d’entraînement sur l’embauche quantitative des ouvriers et les dépenses de fonctionnement.
Les exploitations sous CPV semblent une fois encore plus efficaces, même si elles ont besoin de quelques ajustements, notamment au niveau du rehaussement du nombre d’ouvriers.
Tableau 6: Comparaison entre inputs présentés par les exploitants et inputs nécessaires pour optimiser les performances des exploitations cacaoyères
Superficie | Nombre d'ouvriers | Travail | Coût de la main d'œuvre | Coût des intrants | ||||||
Xxxxxx | Xxxxxxx | Xxxx | Xxxxxx | Xxxx | Xxxxxx | Xxxx | Xxxxxxx | Xxxx | Xxxxxxx | |
CAF | 11.3 | 3.2 | 4.5 | 1.8 | 188.9 | 138.0 | 1 448 513.1 | 943 962.2 | 333 643.8 | 190 943.5 |
CPV | 6.1 | 5.5 | 1.9 | 2.5 | 268.7 | 217.1 | 1 834 667.3 | 1 543 547.9 | 423 148.0 | 371 845.1 |
Source: Auteurs
5.4 Les déterminants de l’efficacité des exploitations
Le tableau 7 présente les déterminants de l’efficacité des exploitations cacaoyères du Mbam et Kim. Il en ressort que l’augmentation de la surface de l’exploitation, le non-respect du contrat, la multiplication des contrats avec d’autres exploitants, celle des défrichements annuels et des traitements phytosanitaires (simple ou mixte) sont les principales sources d’inefficacité. Tandis que, la récolte sanitaire, l’augmentation du nombre de réglages d’ombrage et de celui des tailles du cacaoyer sont sources d’efficacité.
Tableau 7: Déterminants de l’efficacité des exploitations cacaoyères
Régression Tobit Log likelihood = 12.975337 | Nombre d'observations = 114 LR chi2 (15) = 158.01 Prob > chi2 = 0.0000 Pseudo R2 = 1.1965 | |||||
inefficacite | Coef. | Std err | t | P > |t| | [95% conf. interval] | |
ag1 | -0.0257507 | 0.0285707 | -0.90 | 0.370 | -0.0824412 | 0.0309397 |
nivsco | 0.0045606 | 0.024792 | 0.18 | 0.854 | -0.0446321 | 0.0537534 |
formation | 0.0045329 | 0.0357216 | 0.13 | 0.899 | -0.0663464 | 0.0754122 |
typexpl*** | 0.1160558 | 0.0258926 | 4.48 | 0.000 | 0.0646793 | 0.1674323 |
ptage | 0.0648097 | 0.0806068 | 0.80 | 0.423 | -0.0951317 | 0.2247511 |
Conautexpl** | 0.126285 | 0.0601614 | 2.10 | 0.038 | 0.0069117 | 0.2456583 |
Nonrespect** | 0.164255 | 0.062877 | 2.61 | 0.010 | 0.0394934 | 0.2890166 |
choixouv | 0.0440078 | 0.046566 | 0.95 | 0.347 | -.0483894 | 0.1364049 |
Ndefrich*** | 0.145102 | 0.0526732 | 2.75 | 0.007 | 0.0405869 | 0.249617 |
taille* | -0.0860032 | 0.0481634 | -1.79 | 0.077 | -0.1815698 | 0.0095634 |
ombrag** | -0.0563926 | 0.0256493 | -2.20 | 0.030 | -0.1072864 | -0.0054988 |
sanitaire** | -0.1995117 | 0.0901516 | -2.21 | 0.029 | -0.378392 | -0.0206314 |
insect_simp** | 0.1973759 | 0.0878049 | 2.25 | 0.027 | 0.0231519 | 0.3715998 |
trait_mixt*** | 0.375406 | 0.0776706 | 4.83 | 0.000 | 0.2212907 | 0.5295213 |
cons | -0.2761131 | 0.2198883 | -1.26 | 0.212 | -0.7124193 | 0.1601931 |
/sigma | 0.1578256 | 0.0130862 | 0.1318596 | 0.1837915 |
*** = significatif à 1%; ** = significatif à 5%; * = significatif à 10% Source: Auteurs
Parmi les 43% d’exploitations de grandes superficies (6.5 à 68 ha), le tableau 8 montre que 80% des exploitants préfèrent des CAF. Et, contrairement à celles sous CPV, leurs scores d’efficacité sont très faibles ainsi que les productivités correspondantes.
Tableau 8: Niveaux de productivités et score d’efficacité des grandes exploitations selon les
types de contrats
Pourcentage (%) | Productivité moyenne de la terre | Productivité moyenne du travail | Score d'efficacité moyen | |
CAF | 80 | 368 | 926 | 0.41 |
CPV | 20 | 756.5 | 2 804.8 | 0.97 |
Source: Auteurs
Par contre, des 57% d’exploitations avec de faibles surfaces (2 à 6 ha), le tableau 9 révèle que 40% préfèrent des CAF et 60% des CPV. Et, comme précédemment, les productivités moyennes correspondantes et les scores d’efficacité sont plus élevés sous CPV que sous CAF.
Tableau 9: Niveaux de productivités et scores d’efficacité des petites exploitations selon les
types de contrats
Pourcentage (%) | Productivité moyenne de la terre | Productivité moyenne du travail | Score d'efficacité moyen | |
CAF | 40 | 381 | 751 | 0.660 |
CPV | 60 | 749 | 1 751 | 0.902 |
Source: Auteurs
Les CAF prédominent donc dans les grandes exploitations contrairement aux petites où règnent les CPV. Dans les premières, mettre les ouvriers sous CPV rimerait à leur octroyer des gains supérieurs aux propriétaires. Alors que dans les secondes, l’incitation ouvrière au gain selon l’effort fourni est source d’augmentation de production pour l’exploitant. D’ailleurs, plusieurs travaux montrent que les incitations salariales stimulent positivement les performances productives des travailleurs (Xxxxxx 2000; Xxxxxx & Sprinkle 2002). De plus, selon Xxxxxx (2000), quand un ouvrier a une
garantie de ce qu’il va percevoir à l’échéance des travaux (cas des CAF), il ne fournit pas le même
effort que lorsque sa rémunération dépend du niveau de production (CPV).
Le non-respect des obligations du contrat de travail entraine celui du calendrier agricole et par là, une baisse de production. Les conditions du CPV pourraient donc être une solution idoine et incitative au respect desdites obligations. Ceci dans le sens où, comme le dit Xxxxxxx (2014), les incitations impliquent une association de la rémunération à la productivité, exposant le travailleur au risque. Un risque qui peut l’amener audit respect.
L’inefficacité suite à l’augmentation du nombre de défrichements est compréhensible, les recommandations en cacaoculture au Cameroun étant de deux défrichements/an. De plus, leur fluctuation selon le type de contrat montre qu’aucun type d’exploitation ne respecte cette norme. Or, en dessous de deux défrichements, il y a des pertes considérables pour l’exploitant. Certains ont affirmé en avoir jusqu’à 50.0%. Par exemple, le non défrichement ne favorise pas un ramassage efficient des cabosses. Bien plus encore, le défrichement permet de réduire la compétition entre la mauvaise herbe et le cacaoyer pour l’eau et les nutriments, et d’obtenir de l’humus grâce à sa décomposition. Toutefois, un défrichement excessif n’est pas non plus conseillé, car il apporte des coûts additionnels au niveau de la main d’œuvre, sources d’inefficacité.
L’inefficacité qui émane du traitement mixte pourrait s’expliquer par le non-respect du mode d’emploi des fongicides et insecticides lors desdits traitements (Babin 2009). Il en résulte souvent des résistances au niveau des maladies et ravageurs du cacaoyer, réduisant ainsi les rendements des exploitations.
6. Conclusions et recommandations
Des deux types de contrat de travail trouvés dans les exploitations cacaoyères du Mbam et Xxx, le CPV semble le plus performant par rapport au CAF. Les productivités de la terre et du travail y sont plus élevées, l’allocation des inputs mieux effectuée. Des ajustements sont cependant nécessaires car, de manière globale, pour avoir une productivité et une gestion optimale, les exploitations devraient réduire leurs inputs et l’utilisation de ceux-ci de 45% et 32%, respectivement. L’augmentation de la superficie de l’exploitation, du nombre de défrichements et le traitement mixte sont les facteurs qui contribuent le plus à l’inefficacité de ces cacaoyères. Aussi, la connaissance des superficies réelles des exploitations semble-t-elle un préalable, car paraissant être l’élément clé qui provoque un effet d’entraînement sur le nombre d’ouvriers à embaucher et les dépenses de fonctionnement à effectuer. Bien sûr, la maîtrise des bonnes pratiques s’avère nécessaire. Tout ceci pourrait se réaliser à travers une plateforme de formation et d’encadrement des exploitants.
Remerciements
Les auteurs expriment leurs remerciements pour le support financier du CIRAD (Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement) à travers le projet AFS4Food.
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